Parmi les nombreux détails que met en scène le frontispice allégorique du « Rôle » (règlement) des compagnons passants tailleurs de pierre d’Avignon, mis en service le 1er janvier 1782, une grande partie est relative aux savoirs que ces artisans cultivent et honorent. On y voit notamment des éléments qui renvoient à la stéréotomie (la géométrie appliquée à la coupe des pierres), bien évidemment. Plus surprenant, on remarque vers le milieu de ce vaste panorama un personnage bien habillé, avec une fraise et un chapeau à plume d’autruche typiques du XVIIe siècle (illustration 1), se tenant dans l’encadrement d’une allée de parc bordée d’arbres au bout de laquelle un grand jet d’eau surmonte un bassin rond. Que représente donc cette scène ?
Il s’agit en fait d’une évocation de l’art des jardins qui était à cette époque indissociable de l’architecture, celle-ci étant, bien au-delà de la seule taille des pierres, la connaissance de la plénitude du métier à laquelle visaient ces compagnons.
La manière dont sont dessinés en bout d’allée le bassin et son puissant jet d’eau central, si elle est fautive en regard de nos habitudes visuelles actuelles (d’autant que le bleu attendu de l’eau a été rendu par un vert), est en fait conforme aux usages du dessin d’architecture de l’époque.