Nous avons vu dans le numéro précédent que les compagnons du Devoir se rendent en pèlerinage à la Sainte-Baume depuis une période que les traditions compagnonniques revendiquent comme étant plus ou moins antique mais qui n’est probablement guère antérieure au début du XIXe siècle. Poursuivons l’exploration de cette « fabrication de la tradition », marquée du sceau de la renaissance du catholicisme en France après les soubresauts de la Révolution de 1789 (environ la moitié du clergé a péri sous la Terreur et le fossé s’est creusé avec les artisans et le peuple).
La première question est : si le pèlerinage à la Sainte-Baume est lui-même très ancien (le pape Étienne IV s’y rend en 816) et qu’il est attesté comme particulièrement important dès le XIVe siècle, à quel moment serait-il devenu un usage compagnonnique ?
Nous avons déjà noté que cela n’est pas attesté par le compagnon vitrier Jacques-Louis Ménétra qui passe à la Sainte-Baume vers 1760, à l’époque de la fête de sainte Marie-Madeleine. Laurent Bastard a pour sa part signalé le récit que fait un compagnon charron de sa visite de la Sainte-Baume l