L’émotion était perceptible ce samedi 10 octobre, à Pignerol, pour consacrer la renaissance d’une loge du Grand Orient de France à l’histoire mouvementée, la Parfaite Amitié. Pour l’occasion, un collège provisoire a été constitué, composé en majorité par des membres de la loge le Soleil de Lérins de la Grande Loge d’Italie, conforté par des membres des loges cannoises du GODF.
Depuis la nuit des temps Pignerol, passage obligé vers les plaines du Piémont et du milanais a fait l’objet de toutes les attentions des Rois de France et de tous ceux qui leur ont succédé, révolutionnaires et empereurs. C’est dire la position stratégique d’un tel lieu, qui deviendra rapidement une place forte militaire. Alors que Bonaparte tente de conquérir l’Europe, le 10 juin 1807 naît la Loge de Saint Jean dite La Parfaite Amitié. Une vie qui sera de courte durée. Dès 1814, le Congrès de Vienne amène le retour du Piémont dans la Maison de Savoie. La franc-maçonnerie est alors interdite, néanmoins elle reste très active défendant ses principes dont le carbonarisme va s’inspirer. Le 13 mars 1821 un mouvement carbonari conduit le roi Victor-Emmanuel 1er à abdiquer en faveur de son Frère Charles 1er, qui accorde le Statut permettant les associations ; mais dix jours plus tard, la loi sera abrogée par Charles Félix. L’Autriche intervenant militairement dans la bataille de Novare, l’armée révolutionnaire est défaite et l’absolutisme restauré. Beaucoup de carbonari et de maçons seront alors condamnés et exécutés et La Parfaite Amitié à l’Orient de Pignerol est réduite au silence. Près de deux siècles plus tard, il faudra toute la ténacité d’une poignée de maçons et maçonnes pour rallumer les feux de cette loge à l’histoire trop vite interrompue. Cette renaissance prend tout son sens dans la démarche d’une Union des Ateliers européens de la Grande Loge d’Italie et du Grand Orient de France, dans un travail commun tourné vers le devenir de la Société, de l’Europe, et du Monde. Longue vie à la Parfaite Amitié, si bien nommée !