En 1761, un dignitaire de la Première Grande Loge de France, Étienne Morin quitte Paris et emmène dans ses bagages un système constitué d’une vingtaine de hauts grades « écossais ». Il l’enrichit, le structure et le diffuse aux Antilles sous le nom d’« Ordre du Royal Secret ». Les historiens l’appellent Rite de Perfection et c’est l’ancêtre direct du Rite Écossais Ancien Accepté. Entre les années 1760 et la création du premier « Suprême Conseil du 33e degré » à Charleston en 1801, le Rite de Perfection est conservé et transmis par des « Députés Inspecteurs Généraux ». Parmi eux, un homme dont la vie est une véritable aventure : Augustin Prévôt, à l’origine d’une filiation française, ou presque, dans l’Ordre du Royal Secret.
La vie aventureuse d’Augustin Prévost est emblématique de l’histoire américaine du XVIIIe siècle et du destin exceptionnel de cette, alors, toute jeune nation. Bien sûr, Augustin Prévost n’est pas né dans sa patrie d’adoption. Il voit le jour à Genève le 29 août 1744. Né hors mariage, ses premières années ne durent pas être faciles dans l’austère République calviniste. Mais son père, mercenaire devenu officier dans l’armée britannique ne l’a pas oublié. À 13 ans, Augustin quitte Genève, fait un an de formation militaire en Grande-Bretagne,