Il est habituel de prendre soin de son corps, par simple hygiène, mais aussi pour rester en bonne santé. Ne doit-on pas également prendre soin de ses pensées dès lors que la conduite de la vie en dépend ? On appelle alors sagesse la maîtrise de ses pensées, de sa pensée en acte, cultivée tout au long de la vie. L’instruction dispensée par l‘école prend tout son sens existentiel en dotant l’enfant devenu élève de l’autonomie de jugement qui a vocation à faire de lui tout à la fois un homme libre, un citoyen éclairé, et un travailleur efficient. Cette formation initiale ouvre à la formation permanente que requiert une vie éclairée par la réflexion et la culture qui la nourrit. L’aventure humaine s’inscrit alors dans le sillage de l’attitude socratique. Savoir d’abord qu’on ne sait rien. Et ce tant que l’on n’a pas réfléchi méthodiquement pour s’affranchir des illusions premières, des faux semblants de l’expérience sensible, des préjugés inculqués. Le travail de la pensée se dédouble alors en devenant acquisition du savoir et art de vivre maîtrisé. Sagesse théorique et sagesse pratique. C’est ainsi qu’advient l’humanité de l’homo sapiens, cultivant l’intelligence pour s’instruire et pour agir lucidement. Aristote le dit superbement. « L’homme est né pour deux choses : pour penser, et pour agir en dieu mortel qu’il est » (extrait du Protreptique).
Un peu d’histoire. La notion de sagesse recouvre dans l’antiquité grecque et latine deux choses souvent liées, mais nettement distinguées. D’une part l’ensemble de la connaissance humaine (en grec sophia ou noèsis, en latin cognitio ou sapientia). D’autre part la capacité de se conduire lucidement pour s’accomplir soi-même de façon équilibrée et dans le respect d’autrui. Cette capacité se dit phronèsis en grec, terme que l’on traduit souvent par le mot prudence, dans le sens philosophique de sagacité pratique, art de vivre maîtrisé. Son équiva