La photographie n’a longtemps été considérée que comme une simple technique. Mais depuis une trentaine d’années, elle est pleinement entrée dans le champ du patrimoine et son histoire a suscité de très nombreux travaux. Cependant cette approche n’a pas encore touché le domaine de la franc-maçonnerie. Si les collections des musées ou de quelques amateurs conservent des photographies « maçonniques » – essentiellement des Frères en décors –, celles-ci n’ont pas encore retenu l’attention des chercheurs ni suscité d’études spécifiques. Le rapport des francs-maçons à la photographie semble d’ailleurs très variable selon les pays. Les Maçons américains et britanniques se sont fait abondamment photographier à la fin du xixe siècle et dans la première partie du xxe. En France, les photographies maçonniques paraissent assez rares. Inaugurons notre approche de la photo maçonnique par une pièce particulièrement ancienne et singulière.
Il y a quelques mois le musée de la franc-maçonnerie s’est vu proposer par un spécialiste un daguerréotype des plus curieux. Il représente en effet une scène un peu morbide : un franc-maçon sur son lit de mort arborant son tablier et un sautoir de Rose-Croix.
De Niepce à Daguerre
Nicéphore Niepce invente la photographie dans les années 1820. Le principe est d’utiliser une « camera obscura », cette « chambre noire » connue depuis fort longtemps des dessinateurs pour saisir plus aisément une scène ; et de remplacer la vitre du fond par une plaqu