La publication à l’aube des années 1840 du Livre du Compagnonnage par Agricol Perdiguier marque la naissance de l’historiographie compagnonnique . Face aux nombreux et précieux apports de cette œuvre, il faut cependant prendre conscience du fait des ornières creusées par ses nombreux suiveurs, des rails qui, créant des miroirs aux alouettes ou des idées reçues, tendent à occulter l’existence même d’autres chemins. Ainsi des légendes des trois fondateurs – Salomon, Jacques et Soubise – qui, telles qu’elles nous ont été rapportées par Avignonnais la Vertu, ont fini par faire oublier ou négliger d’autres versions – on le constate pour Maître Jacques – et probablement d’autres personnages légendaires. Ainsi, par exemple, de Renaud de Montauban qui est pourtant un personnage majeur de la mythologie médiévale et dont la partie finale de la légende se rattache clairement aux bâtisseurs de cathédrales.
À son origine, la Chanson des quatre fils Aymon ou Chanson de Renaud de Montauban est une chanson de geste appartenant au cycle carolingien. Devenue dès le XIIIe siècle l’un des fleurons de la littérature médiévale, elle connaîtra une diffusion considérable en Europe au travers de nombreuses traductions et variantes manuscrites, puis des éditions imprimées dès le XVe. Rabelais, dans le prologue de son Tiers Livre, écrit en 1546 : « Je suis deliberé faire ce que feit Regnault de Montauban, servir les massons, mettre bouillir pour les massons. » Cette diffusi