Non seulement la majorité des francs-maçons imagine que les compagnons du Tour de France sont en quelque sorte leurs cousins germains, mais aussi que, de ce fait, le compagnonnage est globalement favorable à la franc-maçonnerie. Pourtant, pour quiconque connaît réellement les diverses branches du compagnonnage, il est bien évident que, tout au contraire, l’antimaçonnisme compagnonnique est une réalité si ce n’est dominante, du moins non négligeable et influente — d’autant qu’il est parfois instillé, pour des motivations identitaires, par des compagnons également francs-maçons ! Il est présent depuis longtemps sous divers visages, plus ou moins virulents. En voici un exemple datant des années 1890, dans une ville qui est tout à la fois un fief maçonnique et compagnonnique : Nantes.
Mon point de départ pour rédiger cette chronique a été une carte postale ancienne de l’exposition internationale organisée en 1904 à Nantes. La photographie nous montre l’arrivée des compagnons et de leurs chefs-d’œuvre. Mais ce que la légende ne précise pas, c’est leur « obédience » (j’emploie ironiquement ce terme impropre). Il s’agit des membres de l’Union Compagnonnique des Devoirs Unis, ainsi que le montre l’examen à la loupe des bannières et de l’enseigne vantant des cours professionnels.
En faisant une recherche dans la presse compagn