La conscience humaine est activité. Elle ne se contente pas de contempler le spectacle des choses, de subir les événements du monde. Spontanément, elle enregistre, compare, saisit des liens. L’étymologie souligne une telle faculté : le latin intelligere (comprendre les rapports) a donné le mot intelligence. Ainsi se forment des représentations de types et de niveaux différents. Ce sont d’abord les mythes et les religions liées à l’expérience première, vécue sans distance critique, mais avec une quête de sens plus ou moins poussée. C’est ensuite le savoir-faire technique empirique, puis la démarche scientifique. Celle-ci s’attache à dégager les rapports constants entre les phénomènes. Elle rend possible une technique rationnelle pour agir sur les choses et produire des effets assurés. Le levier d’Archimède permet de soulever des poids, et le collier d’épaule de décupler la puissance de traction des chevaux. Vient enfin la philosophie, recherche raisonnée de la sagesse pratique autant que théorique. Il s’agit alors de prendre soin de sa pensée en cultivant le goût de la vérité pour éclairer l’action. Cela se fait en développant des questions originales qui ne se réduisent pas à l’approche scientifique.
Le terme générique de savoir(s) recouvre ce que la conscience apprend de son rapport au monde et de la réflexion sur elle-même. La dynamique de la vie intérieure passe donc des représentations liées à l’expérience première à la démarche scientifique. Elle le fait par rupture avec les illusions premières. Cette rupture est dite épistémologique, car elle fait advenir la science par la critique et le dépassement des jugements spontanés et des opinions immédiates. Il s’agit alors de connaître objectivement et de s’affranchir de l’obstacle que constitu
