Une nouvelle obédience maçonnique, le Grand Orient du Royaume du Maroc (GORM), est née le 4 février 2017. Son grand maître se veut discret, même s’il présida par le passé une autre obédience, la Grande Loge du Maroc.
Jiri Pragman : Quelles sont les caractéristiques de cette obédience ?
Le grand maître : Il s’agit d’une obédience maçonnique marocaine qui prône la liberté de conscience. Elle est mixte, et c’est la première obédience nationale à l’être (des loges du Droit Humain existent au Maroc, mais elles ne sont pas fédérées nationalement). Elle est une fédération de rites, tous les rites y sont égaux. Elle a une orientation sociétale, considérant que le franc-maçon ne peut être un spectateur passif de la société. Le sceau de l’obédience fait référence aux couleurs nationales, le rouge et le vert.
JP : Quelle est l’importance du GORM ?
GM : Le GORM a été créé à partir de trois loges : Union et Fraternité (rite français, située à Casablanca), L’Etoile de Marrakech (rite français, située à Marrakech) et Ptahotep (rite de Memphis Misraïm, située à Agadir). Il compte une quarantaine de sœurs et frères, sur un total au Maroc estimé à environ six cents francs maçons, expatriés compris, et toutes obédiences confondues, dans un pays qui compte trente-trois millions d’habitants.
JP : Quel est le profil social des francs-maçons marocains ?
GM : La majorité est de profession libérale et se compose d’architectes, médecins, avocats, chefs d’entreprise.
JP : En quoi la mixité serait-elle un « plus » dans le Maroc d’aujourd’hui ?
GM : La maçonnerie se doit d’être à l’image de la société marocaine, et d’accompagner l’émancipation des esprits pour la parité.
JP : Le nombre réduit de maçons marocains et l’absence d’initiative d’extériorisation témoignent-ils d’une mauvaise réputation de la franc-maçonnerie ? D’un sentiment de risque, voire de peur ?
GM : La franc-maçonnerie au Maroc reste peu connue. Elle n’a pas réussi à se mettre en valeur dans une société pourtant ouverte. Les tenues blanches que nous organisons sont là pour rectifier les clichés, et encourager les profanes à nous rejoindre. Il nous faudra sans doute un peu de temps, mais les choses évoluent.
Précision de l’auteur : Lorsque la question de la démocratisation est posée au grand maître, on notera qu’il répond qu’il y a lieu de se poser la question quant à la « démocratisation » de l’accès à la maçonnerie tout court. Certes, mais il semble qu’il y ait une différence entre la situation marocaine et celle de la maçonnerie du vieux Continent où la maçonnerie est accessible à la classe moyenne. Interrogé sur l’antimaçonnisme, il répond que l’antimaçonnisme n’est pas spécifique à un pays ou une région du monde ; il ne se prononce pas sur l’hypothèse ou les origines d’un antimaçonnisme spécifique en Afrique, notamment au Maghreb.
La franc-maçonnerie au Maroc
La franc-maçonnerie sous influence espagnole et française est présente au Maroc depuis la deuxième partie du dix-neuvième siècle. Après l’indépendance (1956), a été créée en 1964 la Grande Loge Atlas qui, en 1972, va devenir la Grande Loge du Maroc. À partir de 2005-2006, d’autres obédiences vont commencer à voir le jour. Le paysage maçonnique marocain comprend aujourd’hui des obédiences marocaines et des loges d’obédiences étrangères.
Obédiences marocaines
Grande Loge du Maroc (GLM, masculine)
Grande Loge Régulière du Royaume du Maroc (GLRRM, masculine)
Grande Loge Unie du Maroc (GLUM, masculine)
Grande Loge Féminine du Maroc (GLFM)
Grand Orient du Royaume du Maroc (GORM, mixte)
Obédiences étrangères
Droit Humain (DH, mixte)
Grande Loge Féminine de Belgique (GLFB)
Grande Loge Féminine de France (GLFF)