Qu’y a-t-il de commun entre l’avarice d’Harpagon dépeinte par Molière, celle du Père Grandet décrite par Balzac, l’amour incestueux de Phèdre vu par Racine, la jalousie meurtrière de Médée sous la plume de Sénèque, ou d’Othello sous celle de Shakespeare ? Sans doute la dimension irrépressible et totalitaire d’un sentiment exclusif, sans distance à soi ni retenue, sans juste mesure non plus, qu’on peut appeler passion.
Cette notion désigne alors ce qui est subi de façon inexorable, avec toute l’ardeur polarisée de ce qui envahit la vie intérieure, sans rien qui la limite ni même puisse la raisonner. Une telle réalité affective peut faire souffrir, voire revêtir un caractère pathologique. D’où le glissement de ce qui est subi à ce qui est souffert. La passion serait une véritable maladie de la psychè entendue comme siège de la vie psychique. Une thèse du stoïcien Cicéron, puis de Kant. Mais que dire de la passion de savoir de Pasteur et d’Einstein, de la passion de