Aimer la vie, aimer une chose, aimer un être, aimer la vérité, aimer l’illusion, aimer l’art, aimer la beauté, aimer le sport, aimer d’amitié, aimer d’amour... La diversité des registres de l’amour exprime la richesse de la vie affective, déclinée selon ses différents objets et ses façons d’être. On n’aime pas une personne comme on aime une chose ou une activité. Certaines langues disposent d’ailleurs de termes différents pour distinguer l’inclination qui se porte sur des choses et celle qui se porte sur des êtres. Ainsi l’espagnol distingue gustar et querer. « J’aime le soleil » se traduit « me gusta el sol ». » J’aime ma compagne » se traduit par « Quiero a mi companera ». Il en va de même pour l’anglais, qui distingue like et love dans le même esprit. Il est clair que l’attachement à un objet, à un corps, à une âme entendue comme faculté morale et intellectuelle ne peut être du même type. Comment dégager les différences et les rapports entre ces registres ?
L’être humain est originairement porté aux choses qui comblent son désir d’être. Ce désir est un effort non seulement pour persévérer dans l’être, mais aussi et surtout pour accomplir son être par tout ce qui le réalise. Le latin exprime cet effort par le mot conatus, qui veut dire tension vitale d’une recherche tournée vers ce qui est bon pour l’accomplissement de soi et satisfait les divers désirs. Toute expérience qui procure le bien-être s’assortit du consentement à soi et à la vie. Elle s’accompagne alors d’un plaisir vital, et devient Ã