L’œuvre majeure de Spinoza (1632-1677) s’intitule Éthique. Ce terme ne désigne pas un traité de morale, mais une étude rationnelle du chemin vers le bonheur, et de la meilleure façon d’être (ethos en grec) pour y parvenir. Il y affirme que l’homme est mû par son conatus, terme latin qui désigne le désir de persévérer dans l’être et de l’accomplir. Comment peut-il se réaliser dans le monde, et accéder à la joie (laetitia), qui atteste son passage à un degré supérieur d’accomplissement de soi, c’est-à-dire à une plus grande perfection ?
Le premier rapport au monde passe par la « connaissance du premier genre ». Cette première appréhension de la réalité est prisonnière des apparences et des faux-semblants du vécu immédiat. Notre conatus ne fait alors que subir passivement, et de façon presque aveugle, les modifications qui s’imposent au corps du fait de sa soumission à une réalité qui l’englobe et le détermine. Nos premières affections sont alors des passions : elles sont passives par nature. Ainsi tout changement se produisant en nous dépend de causes extérieures, que des idées confus