Le 30 septembre 1938, à Munich, Adolf Hitler, Édouard Daladier, Neville Chamberlain et Benito Mussolini signent des accords qui attribuent le territoire des Sudètes à l’Allemagne. La Tchécoslovaquie est trahie, Hitler est renforcé. La paix est-elle sauvée ? De retour à Paris, Daladier est acclamé à sa sortie de l’avion. A-t-il honte ? Il marmonne « Ah, les cons ! S’ils savaient ! » Churchill commentera : « Ils ont eu le choix entre le déshonneur et la guerre ; ils ont choisi le déshonneur et ils auront la guerre ». En mars 1939, violant les accords de Munich, Hitler envahit la Tchécoslovaquie. La guerre éclatera le premier septembre. Absence de scrupules, mensonge délibéré, parole non tenue, violence du lion, ruse du renard : machiavélique, Hitler a manié les armes décrites par Machiavel dans Le Prince. Daladier a eu des doutes. Il a pourtant signé. Avait-il de bonnes intentions ? L’enfer en est pavé. Peut-on juger la politique d’un point de vue moral ? Où faut-il s’en tenir aux seuls résultats, comme le recommande le célèbre Florentin ? Ces questions s’imposent pour une approche lucide de la politique.[1]
[1] NB les citations des œuvres de Machiavel, notamment Le Prince et Discours sur la première décade de Tite-Live sont faites le plus souvent d’après la traduction d’Edmond Barincou, en indiquant le numéro des pages de l’édition de la Bibliothèque de La Pléiade : Machiavel, Œuvres complètes, Paris, coll. 1952.
Nicolas Machiavel, de son nom complet Niccolò di Bernardo dei Machiavelli, naît à Florence le 3 mai 1469 dans une famille de noblesse ancienne. Il fait des études classiques brillantes, nourries par les humanités latines. Très curieux d’esprit, il lit les philosophes grecs et latins, et les historiens comme Tite-Live. Amateur de poésie, il traduit le De natura rerum de Lucrèce. Son père, avocat, lui fait donner des cours de droit. Sa passion pour la chose politique s’éveille tôt, en relation avec la situation de l’Italie à la Renaissance. Cette Italie nâ