Installé dans sa cabine cossue du Fürst Bismarck, Aby Warburg admire le transatlantique fendre l’océan. En ce début octobre 1895, le jeune homme âgé d’à peine 30 ans se rend à New York pour assister au mariage de son frère Félix. Mais, au détour d’une promenade sur le pont supérieur, l’historien de l’art fait la connaissance de John Maynard Harlan. Les deux hommes entament une discussion. Elle sera décisive.
L’homme, un avocat, lui parle des collections d’objets amérindiens que présente le Smithsonian Institute et attire son attention sur ces peuples perçus comme encore protégés de la civilisation. Warburg les fantasme. Les illustrations en couleur des bandes dessinées qu’il lisait enfant lui reviennent à la mémoire. Ses recherches entreprises dans le cadre de la thèse sur Botticelli qu’il vient de terminer, également.
Héritier d’une banque qui portait son nom, l’homme tourne le dos à l’argent pour vivre dans les livres. Sa bibliothèque comportera que