C’est en 1743 que sous la protection de la loge bordelaise La Française furent allumés les feux de la première loge bayonnaise, La Saint Jean de l’Union Cordiale. Celle-ci changea de nom pour devenir La Saint Jean des Arts, où fut initié le 1er octobre 1765 Moïse Silvavaille, premier juif de France à avoir été officiellement admis en franc-maçonnerie. Le 21 février 1770, La Saint Jean des Arts devint La Zélée, nom qu’elle a conservé jusqu’à nos jours.
Les frères Garat, passés à la postérité pour avoir représenté la province basque du Labourd aux États généraux de 1789 furent des francs-maçons actifs. L’aîné, Dominique, était né à Ustaritz en 1735. Établi avocat à Bordeaux, il fit partie de la loge L’Amitié, puis fonda la loge L’Harmonie. Élu député du tiers, il s’investit dans la défense de sa région d’origine, puis lors de la création des départements soutint la création d’un département basque, vieux serpent de mer qui fait encore des ronds dans l’eau du côté de Biarritz et de Saint-Jean-de-Luz...
L’aîné des Garat, Dominique Joseph, fut journaliste au Mercure de France. Il fut admis à la prestigieuse loge Les neuf sœurs en 1779, puis entra à l’Académie française où il prononça le discours d’introduction de Condorcet. Élu comme son frère, député du Labourd en 1789 il s’illustra d’abord dans le camp robespierriste et remplaça Danton au ministère de la Justice en 1792. C’est à ce titre qu’il notifia à Louis XVI la sentence de mort du 20 janvier 1793. Puis, parvenant à survivre aux vicissitudes de ces temps troublés, il poursuivit sa carrière politique jusqu’à la Restauration avant, comme son frère, de terminer ses jours dans son cher Pays basque.
Nul ne doute que leurs propriétés étaient parsemées de pommiers, arbre fétiche de la région, dont les pommes servent à l’élaboration du cidre – Sagardoa en basque – boisson que l’on consomme ici depuis l’antiquité. Ce sont, du reste, les marins basques qui initièrent les Normands à la pomme et au cidre qu’en pays d’Auge on élabore encore avec des variétés comme l’Erezila ou la Goikoietxea.
Aujourd’hui, c’est surtout outre-Pyrénées, dans la province du Guipuzkoa que la tradition du cidre est restée la plus vivace. On le consomme dans des « sidrerias », vastes salles aux murs de pierre où le cidre jaillit d’immenses foudres pour accompagner d’impressionnantes pièces de viande grillée. Mais ne vous attendez pas à trouver dans le cidre basque le fruité du cidre breton ou normand. Ici, les pommes donnent une boisson plutôt austère titrant au moins 4,5°, peu gazeuse et fortement aigrelette. Bref, si ce n’est pas la coupe d’amertume, il s’agit là d’une boisson pour initiés, qui s’attache au caractère basque, décidément jaloux d’une typicité bien trempée.