Dans les musées maçonniques, le visiteur a rapidement l’œil attiré par une vitrine d’où s’échappe une lumière multicolore : un véritable scintillement de bleu, de rouge, de vert ou de jaune. Les verres « canons » en cristal de Bohême sont en effet parmi les pièces emblématiques de toutes les collections maçonniques. Mais si on les admire beaucoup… on les connait fort mal. Deux spécialistes, l’un de la verrerie, l’autre de la franc-maçonnerie – Jitka Lněničková et Jacob Sadilek – se sont associés pour étudier ces véritables petites œuvres d’art. Après plusieurs années de recherche, ils nous proposent aujourd’hui une somme de plus de deux-cents pages sur le sujet. Plongeons-nous dans l’histoire des verres maçonniques « canons » de Bohême.
Avec les manufactures de Murano, Venise fut longtemps la capitale du verre et de son art. La Bohème a cependant quelques verreries, car elle possède en abondance les matières premières nécessaires ; au premier rang desquelles le bois des fourneaux que peuvent alimenter ses vastes forêts. Son sol est aussi riche en potasse et, au XVIe siècle, des artisans découvrent qu’en ajoutant de la potasse et de la chaux au sable, on obtient un verre beaucoup plus transparent et résistant. Grand mécène, l’empereur Rodolphe II (1552-1612) fait venir à Prague des ouvriers