Peut-on aimer Dieu sans sous-estimer l’homme ? Peut-on exalter l’homme sans affaiblir la foi religieuse ? Au quinzième siècle, la Renaissance italienne répond oui à ces deux questions. Pas de contradiction. Pour cela elle réinvente l’humanisme légué par l’Antiquité grecque et latine. Mais elle repense également la théologie chrétienne, à rebours de son insistance sur la finitude humaine et l’impuissance qu’elle révèlerait. Certes il ne s’agit pas de taire le péché originel et ce qu’il révèle de la « part maudite » supposée de l’humanité, thèmes essentiels du christianisme. Mais il convient de rompre avec le paradoxe qui conjugue l’affirmation de la toute-puissance de Dieu et celle de la faiblesse extrême de l’homme. Si Dieu crée l’homme « à son image », on a en effet du mal à comprendre que sa créature soit si faible, et si mauvaise. D’où une révision de l’anthropologie chrétienne. Nombre d’écrits s’intitulent alors De hominis dignitate : De la dignité propre à l’homme. Le texte le plus célèbre de Pico della Mirandola (1463-1494) porte ce titre, attribué de façon posthume il est vrai, mais qui fait de lui le grand refondateur de l’humanisme. Un humanisme empreint d’une foi rationnelle en l’homme comme être libre, sans toutefois l’assortir d’une quelconque rupture avec le christianisme.
Une vie brève… 31 ans. Une sorte de météore humain qui tient du prodige en matière d’érudition, de réflexion englobante, de séduction multiforme, de vécu passionné et passionnel, mais aussi de méditation contemplative. Si courte soit-elle, la vie de Giovanni Pico della Mirandola comporte cependant deux séquences presque opposées. La première est celle d’une vie boulimique, d’accumulation de savoirs multiformes dans un esprit encyclopédique, et d’aventures mondaines voire galantes, marquée par une frénésie de culture et de plaisirs. Récit.
La prem