« Musée de France » depuis 2003, le musée de la franc-maçonnerie, situé au 16 rue Cadet dans le 9e arrondissement de Paris, a été créé en 1889 dans l’hôtel de Chaulnes, ancienne propriété de la famille Grimaldi, siège du Grand-Orient de France depuis 1851. Il reçoit plus de 20 000 visiteurs par an. Sous l’autorité de Pierre Mollier, directeur, et Thierry Cuzin, chargé des publics, sont organisées des visites guidées et, depuis 2020, en langage des signes (LDS) avec Julie Le Toquin. Afin de rendre la culture accessible à tous, cette dernière propose également un accueil privilégié aux familles avec enfants.
Véritable « couteau suisse » comme elle se définit elle-même, Julie Le Toquin ne possède pas moins de trois licences et un master. Elle exerce en ce moment trois métiers simultanément. Orpheline de mère à 11 ans, de père à 14, c’est la loge de son père qui était franc-maçon, qui la prendra en charge. Elle ne l’oubliera jamais. Elle s’inscrit aux Beaux-arts où elle devient artiste plasticienne puis elle intègre une école de théâtre. Étant interprète, elle apprend en plus le langage des signes dont elle est devenue professeur. En parallèle, elle entreprend une licence de guide conférencier national. En toute logique, nous dit-elle, c’est au musée de la franc-maçonnerie qu’elle en effectuera le stage. Aujourd’hui, quinze sites d’Île-de-France, du château de Versailles au musée Rodin en passant par des croisières fluviales du Paris maçonnique, sont à son programme.
Ainsi, ses multiples talents lui permettent de rendre accessible la culture au plus grand nombre. Quelle qu’en soit la cause, chacun a pu à un moment ou un autre se sentir exclu ne possédant pas des codes a minima pour aller dans un musée ou s’intéresser à un thème. Pour exemple, en tant qu’artiste performeuse, elle a réalisé, en 2019, un spectacle avec quelques mots en allemand et en LDS auquel personne ne comprenait rien. Elle y a rajouté peu à peu des sous-titres en français et en anglais ce qui a permis au public d’adhérer. Si, en fait, la culture est omniprésente, encore faut-il, nous dit-elle, se sentir légitime face à elle, aplanir les difficultés pour y accéder, susciter l’intérêt de tous. Minorité culturelle, linguistique, handicaps, ce sont les défis que Julie s’ingénie à relever. Ainsi guidera-t-elle à travers le musée un aveugle malentendant en lui procurant un LDS tactile. Au-delà de ces initiatives, elle porte également son attention « sur les enfants qui se demandent où papa ou maman peuvent bien aller sans eux ». Là encore, elle met en œuvre son savoir-faire. Elle a créé un jeu de théâtre d’ombres en découpant des silhouettes dans du papier. Au bout de quelques minutes, elle surgit de l’écran et joue la panique : « Je n’ai rien à me mettre et je ne vais pas pouvoir aller à ma tenue ». Pour l’aider, les enfants partent en courant à travers les 600 m² du musée et ses 400 pièces exposées sur les 7 000 qu’il conserve. Cette déambulation lui permet de leur expliquer par exemple ce qu’est la « Marianne », buste réalisé en 1882 par Paul Lecreux dit Jacques France, ou leur indiquer les dates qui ont marqué l’histoire. Leur jeu de piste les conduit jusqu’à une armoire fermée à clé où ils trouveront gants, tabliers, maillet, cordons… Il n’est pas rare, nous raconte-t-elle, de retrouver les enfants « habillés ». Ils chanteront ensemble en portugais et visiteront un temple égyptien sachant leur attrait pour ce pays. Pour prolonger et partager leur expérience avec leurs parents, des livrets de jeux sont disponibles à l’accueil du musée.
Julie Le Toquin trouve malgré tout le temps de s’adonner à la broderie. Elle a entrepris de reproduire parmi les pièces emblématiques du musée, le tablier dit de Voltaire qui fut initié par la Loge des Neuf Sœurs le 7 avril 1778. Elle a d’ailleurs passé une annonce dans votre magazine préféré : « Créations originales de décors maçonniques brodés main. Tablier, cordon, sautoir, bannière de loge, tapis de loge… ». Pour rencontrer Julie, s’inscrire sur evenementmuseefm@godf.org