« Pour le public, un franc-maçon sera toujours un vrai problème. Qu’il ne saurait résoudre à fond. Qu’en devenant maçon lui-même. » Ces propos accueillent les visiteurs de l’exposition La franc-maçonnerie en toute discrétion dans l’ancienne église des Visitandines (tout un symbole !) magnifiquement transformée en musée, le MUMONS à Mons, capitale du Hainaut située à quelques pas de la frontière française.
À vrai dire, cette exposition, prévue jusqu’au 10 septembre 2023 s’adresse principalement au profane et est une véritable ouverture à son encontre, d’où sa remarquable approche pédagogique, simple sans être simpliste, accessible à tous les publics, voire qui peut s’avérer être une piqûre de rappel pour certains initiés.
Dans une présentation concrète et attrayante avec des explications courtes et nuancées, le visiteur découvre le parcours de la Pierre Brute à la Pierre Taillée en passant par les chantiers des bâtisseurs moyenâgeux (opératifs) jusqu’aux tavernes londoniennes (spéculatifs), avec en point d’orgue la fondation de la Grande Loge d’Angleterre en 1717 : « Le climat paisible londonien en plein siècle des Lumières favorise la diffusion de nouvelles idées et découvertes scientifiques. »
Suivent des récits et des légendes avec le Grand Architecte de l’Univers, la construction du Temple de Salomon, l’assassinat d’Hiram, la chevalerie décodée, l’égyptologie…
Il y est expliqué que tout est symbole : le trois (Force, Sagesse, Beauté), la Lune et le Soleil (passage du maçon de l’ombre à la Lumière), la corde à nœuds, la chaîne d’union (illustrant la fraternité).
Un étage entier est consacré à la franc-maçonnerie au cœur de la Société et l’exposition n’élude pas du tout des questions tellement d’actualité : « Les francs-maçons dirigent-ils le monde ? Quels sont leurs secrets ? »
La réponse est directe : « Discrétion. Voilà le terme pour décrire la franc-maçonnerie et il n’existe aucun secret à son propos. Les valeurs portées sont le respect de l’autre, la fraternité, l’égalité, la liberté d’expression, de tolérance et la patience. Des valeurs humanistes, optimistes, teintées d’universalisme. »
Là, documents à l’appui, on y évoque les adversaires de la franc-maçonnerie, le complot judéo-maçonnique, l’Église catholique, « l’éternelle adversaire qui reproche à la franc-maçonnerie d’être une contre-religion », on y voit aussi la célèbre bulle papale d’excommunication des francs-maçons du 28 avril 1738, et, un peu plus loin, il est rappelé que de trop nombreux francs-maçons furent persécutés par des régimes totalitaires et qu’aujourd’hui, « l’antimaçonnisme est toujours une réalité et est lié à une conception conspirationniste du monde. »
Puisse le visiteur sceptique et antimaçon sortir de cette exposition convaincu qu’il n’en est absolument rien, et que c’est principalement l’humanisme qui guide le travail initiatique en loge. De la pierre brute à la pierre taillée.