L'affaire Montmartel - Testament maçonnique - La vérité sur Socrate - Le temps de la démondialisation
Roman
L’affaire Montmartel
Gentilhomme Gascon
De Jean-Michel Roche
Éditions Détrad aVs
210 pages – 17 €
Voici un roman de cape et d’épée qui ne manque pas de panache ! On suit avec délectation, les aventures du jeune infortuné Guilhem Malbay, ex-marquis de Montmartel, ayant perdu au jeu son domaine et son titre. La France en ébullition vit alors les dernières heures de l’Ancien Régime. Un monde nouveau est en passe d’advenir. Tout bouge, tout change à un rythme effréné. Les privilèges de la noblesse, la toute-puissance du clergé, la monarchie de droit divin… Ce qui semblait immuable vacille. Un vent de liberté souffle portant avec lui les aspirations de tout un peuple à un ordre nouveau. Jean-Michel Roche à travers les péripéties de son fougueux héros, nous faire vivre cette période charnière de l’histoire de France, mêlant à son intrigue quelques grands noms de ce siècle des Lumières : Cagliostro, Voltaire, Olympe de Gouges, La Fayette… que Guilhem Malbay, devenu membre de la loge maçonnique Les neuf sœurs, rencontre sur le trois-mâts l’Hermione, fleuron de la marine française, alors en route vers les Amériques. Il s’agira là-bas de soutenir les insurgés commandés par Washington dans la guerre pour l’indépendance. « Ce petit marquis de La Fayette nous rapporte des Amériques des idées de liberté, de démocratie et même de République », observeront les pairs de France, sentant le vent tourner. Revenu sur le vieux continent auréolé de gloire, notre jeune Malbay, espion à ses heures, choisira les idées nouvelles portées par la cause révolutionnaire. Rien n’est oublié dans ce roman qui se lit d’un trait, pas même quelques scènes au goût très libertin, parfaitement dans l’esprit XVIIIe siècle.
Essai
Le temps de la démondialisation
Protéger les biens communs contre le libre-échange
De Guillaume Vuillemey
Éditions Seuil
100 pages – 11,80 €
Grâce à la « magie » d’Internet, nous pouvons aujourd’hui tout acheter ou presque. Nous vivons dans une ère d’abondance et de consommation qui semble infinie, vantée par bon nombre d’économistes, chantres du libre-échange. La pandémie de Covid-19 ainsi que la guerre en Ukraine ont toutefois fait prendre conscience des limites d’une telle approche, avec la nécessité de privilégier la production locale et les circuits courts. À y regarder de plus près, cette abondance de biens privés, rendue possible par la mondialisation des échanges cache un phénomène : la raréfaction des biens communs (le sentiment d’un ordre social juste, la redistribution des richesses, la préservation d’un environnement naturel sain). Guillaume Vuillemey, dans cet ouvrage montre que la divergence entre intérêts privés et intérêts collectifs est au cœur même de la mondialisation caractérisée par une déterritorialisation des échanges pour devenir autonomes vis-à-vis des états et ordres politiques. Il met en lumière les coûts cachés de la mondialisation : ceux qui naissent de l’incapacité à corriger les nuisances directement causées par les flux commerciaux et ceux indirects liés à la délocalisation d’industries à l’échelle mondiale, minimisant les contributions de ces dernières aux politiques collectives. Il ne s’agit pas pour Guillaume Vuillemey d’abandonner le commerce mondial, mais de promouvoir des politiques permettant de reterritorialiser ces échanges, c’est-à-dire de les replacer sous un ordre juridique afin de les rendre compatibles avec les intérêts collectifs. Un ouvrage éclairant, à lire absolument.
Essai
Testament maçonnique
L’expérience du rite égyptien
De Denis Labouré
Éditions de la Tarente
210 pages – 26 €
Denis Labouré est ce qu’on appelle un passeur. Pourvu d’un bagage académique en théologie, formé à l’astrologie traditionnelle, il consigne dans cet ouvrage, publié une première fois en 2008, le fruit de 30 années d’expérience de la franc-maçonnerie de rite égyptien. Il cherche ainsi selon ses mots à « transmettre les principes et pratiques de l’hermétisme chrétien », magnifiés par Cagliostro et son rite. Il s’agit d’un testament, mais qui ne s’apparente pas à celui que l’on rédige dans le cabinet de réflexion, étape première de la transformation du profane en nouvel homme. Il faut plutôt y voir un legs, un héritage. Denis labouré consacre une large part de son propos à Cagliostro, — indissociable de la maçonnerie égyptienne — qui propose dans son rite, qu’il crée en 1784, une synthèse des trois sciences hermétiques que sont l’alchimie, la théurgie et l’astrologie. C’est donc à travers ce prisme que Denis Labouré développe ses idées et propose au lecteur de cheminer au fil des pages. À noter que pour la première fois cette nouvelle édition publie les aquarelles en couleurs des 8 tableaux de loges du rite de Cagliostro peints par Philippe James Loutherbourg. Un livre que les férus d’hermétisme sauront apprécier.
Bande dessinée
La vérité sur Socrate
De Olivier Pourriol et Éric Stalner
Éditions Les Arènes BD
136 pages – 22,90 €
Que sait-on de Socrate, de sa vie ? Très peu de choses. On connaît essentiellement sa mort en 399 avant notre ère après avoir absorbé de la ciguë, à la suite d’un procès : il a été accusé d’être impie, mais ce procès avait surtout des causes politiques, l’homme et le penseur gênaient ses contemporains. Et que dire de son œuvre ! Il n’a laissé aucun écrit, et il faut, pour connaître sa pensée et ses enseignements, se reporter à Platon et quelques autres. Avec si peu d’éléments précis à sa disposition, l’agrégé de philosophie Olivier Pourriol ouvre cependant le dossier Socrate. Nous sommes trois ans après son « suicide commandé ». Tous ses anciens disciples et amis sont conviés à un banquet chez une célèbre et belle hétaire athénienne. Il y a là : Platon, Aristophane, Criton et quelques autres. Lamprocles, le fils de Socrate s’invite à cette étrange et mystérieuse fête. Ce jeune homme empli de rage rend ces hommes responsables de la mort de son père, au nom de la philosophie.
Chacun de ses « amis » rappelle des souvenirs, revit son Socrate, réécrivant sans aucun doute l’histoire, sur fond de jalousie et parfois de pauvreté d’esprit. Même si le déroulé bâti par le scénariste est fictif, au fil des pages tout devient plausible, nous entrons dans la pensée du philosophe et nous saisissons ce qui l’animait et, surtout, sa complexité.
Cette tragédie grecque est magnifiée par le dessin d’Éric Stalner. L’ensemble ? Un régal pour l’esprit et les yeux. Denis Lefebvre
Et aussi…
Masonica
Revue du groupe de recherche Alpina
N° 51 décembre 2022
Les saints patrons des francs-maçons
N° 125 des Cahiers Villard de Honnecourt
Revue de la Grande Loge Nationale Française
Pensée et action
N° 206 de Points de Vue Initiatiques
Revue de la Grande Loge de France