La France de 1906 est confrontée à une situation sociale tendue, sur fond de poussée syndicale et revendicatrice. La catastrophe de Courrières constitue en mars un électrochoc, et entraîne une prise de conscience nationale. Le 10 mars, en effet, 1099 hommes (et sans doute plus, on ne l’a jamais su avec précision) décèdent dans cette catastrophe minière qui endeuille le pays. On connaît la suite : grève générale, répression par le ministre de l’Intérieur, Georges Clemenceau ancien proche de l’extrême gauche des années 1880, désormais surnommé « le briseur de grèves ». C’est pourtant ce même Clemenceau qui, quelques mois plus tard, porte sur les fonts baptismaux la création d’un ministère du Travail, confié à un avocat socialisant et franc-maçon : René Viviani. Il a porté la question des retraites ouvrières.
Devenu président du Conseil le 22 octobre 1906, Clemenceau compose son gouvernement, qui comporte une novation de taille, avec la création d’un nouveau ministère, qu’il voit comme un ministère de la « réparation sociale », un « ministère d’humanité », destiné à coordonner « l’altruisme d’État ».
Un nouveau ministère
Dans le rapport qu’il présente aux parlementaires, il situe cette création du ministère du Travail et de la Prévoyance sociale, dans l’histoire récente de la France, et rappelle : « l’initiative au moins théorique de cette