Culture
Illustration de 1743 extraite de : Schutz-Schrifft für dem Orden der Frey-Mäurer

La pierre cubique à pointe a-t-elle été inventée en Saxe ?

En cherchant l’origine de la pierre cubique à pointe dans les textes, tout cherchant ira se plonger dans l’ouvrage de René Guilly, les Pierres de la Franc-Maçonnerie et y comprendra alors que la pierre cubique à pointe est en réalité une erreur de traduction et une confusion avec le diamon ashlar des plus anciennes sources (« Ashlar » étant une pierre). 

 

 

 

 

 

La Rough Ashler (la pierre dégrossie) était la pierre des compagnons pour ajuster l’équerre. Le terme fut traduit en « pierre brute » et attribué aux apprentis et le Broached Thurnel (le moellon de série) des apprentis devint la pierre cubique à pointe des Compagnons, car le sens et la signification s’étaient perdus. En poussant plus loin, on note que les plus anciennes sources françaises citant une pierre cubique à pointe remontent à 1744 avec le Catéchisme des Francs-Maçons de Travenol, et le Secret des Francs-Maçons de l’abbé Pérau. Généralement, tout le monde s’arrête là en se disant « nous n’en saurons jamais plus ». C’est un tort. Car en poursuivant la recherche, on lirait dans l’Abbé Pérau que celui-ci a eu entre les mains par son éditeur les épreuves de Travenol, mais aussi celles de l’Ordre des Francs-Maçons trahis de l’abbé Larudan. Ce qui apparaît donc dans le Pérau est très probablement une version bricolée de divers documents. Également, dans une édition de 1745 de l’ouvrage Apologie pour l’ordre des francs-maçons, figure une gravure représentant « L’Amour Maçon », laissant apparaître une curieuse pierre cubique à pointe. Curieuse, car, alors même que les illustrations de Travenol et Pérau sont très précises, celle-ci semble incertaine. Et soudain le doute étreindrait le cherchant : Pourquoi est-il indiqué « Nouvelle édition » ? En poursuivant ses recherches, il pourrait découvrir une version plus ancienne de 1742, mais celle-ci ne possède aucune illustration de pierre cubique. Se pourrait-il alors qu’une édition méconnue en France existe ailleurs ? Le cherchant irait alors consulter le centre pour la numérisation des fonds de la Bibliothèque d’État de Bavière, à l’ouest de l’Allemagne, qui possède une excellente collection d’ouvrages maçonniques numérisés. Il découvrirait alors la plus ancienne représentation connue d’une pierre cubique à pointe datant de 1743 dans la version en allemand de l’ouvrage Schutz-Schrifft für dem Orden der Frey-Mäurer . Tiendrait-on là le chaînon manquant de la traduction erronée de rituels anglais en langue germanique, traduction qui aurait fabriqué de toute pièce une pierre en forme de cube avec une pointe ? Conviendrait-il alors de chercher dans les rituels germaniques les plus anciennes traductions ? La chose est probable… Ce qui sûr, c’est que le graveur n’avait vraiment aucune idée de ce qu’il représentait ! Car, outre cette pierre cubique à pointe entourée de toute part d’ombres et de pointillés, il est assez cocasse de voir que les rosettes du tablier de Maître sont dessinées comme de véritables fleurs que l’on retrouve sur un « tapis », contresens probable du pavé mosaïque.

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