Philosophie
Le médecin Giovanni Agostino della Torre et son fils, 1515, par Lorenzo Lotto (1480-1556). Ce double portrait présente Giovanni Agostino della Torre, médecin à Bergame et professeur à l’université de Padoue. A ses côtés, son fils Nicolas. Le père tient en

Les clefs de l’esprit critique (2)

Au seuil de l’avènement du christianisme, les philosophies de l’antiquité gréco-latine ont mis en évidence le rôle propre de la raison humaine dans la formation de l’esprit critique. Pour les sciences, pour la philosophie, pour la morale, mais aussi pour la politique, des repères majeurs ont été alors fixés. Les registres de la croyance et de la connaissance ont été différenciés clairement, afin que nulle confusion ne soit effectuée entre les types de représentation humaine. La critique platonicienne de l’opinion (en grec la doxa) s’est assortie d’une approche distanciée des modes immédiats d’appréhension du monde, comme la sensation, la perception, et l’imagination spontanée. Il s’agissait de ne pas être soumis aux illusions engendrées par la place particulière que nous occupons dans le monde, et les apparences qui en résultent. Dans la foulée, le jugement et le raisonnement ont été affranchis des faux semblants du vécu, et soumis à des règles de rigueur. De façon générale, la philosophie a consisté à prendre soin de ses pensées, voire à devenir une médecine de l’âme, attentive à éviter les frayeurs infondées qui troublent la lucidité. Les premières grandes philosophies ont su distinguer quatre domaines : la logique comme théorie de la connaissance, la physique comme étude de la nature, la métaphysique comme réflexion spéculative sur les fondements du savoir et les principes de l’action, l’éthique comme maîtrise de sa façon d’être (en grec, ethos) et de son rapport à autrui. Tel est schématiquement le bagage légué par l’antiquité, tel que la Renaissance le redécouvrira. Mais auparavant, voyons la façon dont la religion chrétienne a bouleversé la donne à la fin de l’Antiquité et pendant tout le Moyen-Âge.

D’abord persécuté pour avoir refusé de diviniser l’empereur, le christianisme est devenu persécuteur. Par quelle étrange dérive ? La foi religieuse n’impliquait nullement l’asservissement de la pensée ni le régime obscurantiste de la croyance qui se codifie dans une orthodoxie répressive. Pourtant la philosophie a été assignée au rôle de servante de la théologie (ancilla teologiae) et de ce fait elle a perdu sa liberté. Il peut sembler paradoxal qu’ayant d’abord été victimes de l’intolérance certains représentants de la religion chrétienne

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