À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les horreurs du nazisme et l’aspiration à une société plus juste secouent le monde politique français et européen. L’invention de la notion de crime contre l’humanité lors du procès de Nuremberg est destinée à punir les auteurs du génocide infligé au peuple juif. Elle traduit et même radicalise l’émergence d’un souci moral majeur au regard d’une politique dégénérée, affranchie de toute règle par les tortionnaires nazis. Le monde entier est alors bouleversé par la découverte des camps d’extermination et de torture. Ne faut-il pas soumettre toute politique à des règles qui interdisent à tout jamais de telles infâmies ? La question surgit dans sa radicalité. Elle va de pair avec le statut de l’exigence morale dans la politique. Après Platon et Aristote, après Machiavel et Rousseau, mais aussi Victor Hugo dans son dernier roman intitulé Quatre-vingt-treize, la question du rôle de la violence dans l’histoire est posée. Elle donne lieu à de vives polémiques comme celle qui en France a opposé Jean Paul Sartre et Albert Camus dans les années 1950. Place à la réflexion.
La philosophie, rappelons-le, c’est l’art de prendre soin de ses pensées dans les grands domaines de la condition humaine. Dès son origine, elle inclut une réflexion sur la politique, qui recouvre la vie de la cité et la conception que les hommes s’en font. En écrivant La République (en grec, politeia), Platon dénonce le rôle néfaste des sophistes, qui trompent le peuple avec leur rhétorique, utilisation de l’art du langage pour exercer une domination. En regard de ce dévoiement, il affirme une exigence de vérité, mais aussi de civisme et de morale. La