Louise Michel - Mythes et concepts utiles aux initiés-initiants - Franc-maçonneries et religions en France aujourd'hui - Février 34 : l'affrontement - La mort de la IIIe République
Essai
Louise Michel
De Marie-Hélène Baylac
424 pages – 23,50 €
Éditions Perrin
On connaît tout, sans doute, de Louise Michel, de sa vie, de ses engagements, de ses amis et adversaires, de la Commune bien sûr, du séjour en Nouvelle-Calédonie, de son retour triomphal, de ses activités jusqu’à son décès en 1905, de son combat pour l’émancipation des femmes, de son éloquence âpre, de sa plume enthousiaste, lyrique et incisive, de ses convictions libertaires, de ses funérailles spectaculaires… Et pourtant, cette biographie mérite une lecture attentive, pour plusieurs raisons. Par la qualité du récit, tout d’abord : l’autrice sait nous emporter. Par les notations sur le contexte général de l’époque, particulièrement bien brossé. Par la variété des sources aussi, notamment avec l’usage de la presse à certaines époques de la vie de « la vierge rouge » ou « la pétroleuse » selon certains, qui nous permet de mesurer comment ses contemporains la voyaient. Et ce, qu’il s’agisse d’amis politiques ou d’adversaires. C’est particulièrement évident à sa mort en 1905 : nombre de journaux bien éloignés de ses opinions politiques font montre dans leurs articles de respect pour sa personne. Aussi, nous la voyons vivre au quotidien. Nous mesurons sa passion, sa soif de justice, ses souffrances aussi, comme nous entrons dans l’œuvre considérable de cette femme passionnée et passionnante, œuvre à la fois militante et littéraire. L’autrice n’évacue pas l’engagement, certes tardif (c’était en 1904…), de Louise Michel en Maçonnerie, au sein de la Grande Loge Symbolique Écossaise. On notera tout particulièrement le dernier chapitre de son livre, passionnant lui aussi, sur sa postérité, et sur la récupération que certains ont tenté de faire, notamment à partir de 1917, de sa vie et de son œuvre. Ce chapitre, intitulé « La fabrique de l’histoire », mérite une lecture attentive. On l’a compris : une biographie à lire qu’on soit ou pas libertaire ! Denis Lefebvre
Essai
Mythes et concepts utiles aux initiés-Initiants
De Jean-Bernard Lévy
Selena éditions
350 pages – 28 €
On aura peut-être tout dit et lu sur les mythes et la franc-maçonnerie. Tout, non, car, le livre de Jean-Bernard Lévy, publié à titre posthume manquerait à l’appel. « Les mythes restent un des meilleurs moyens qu’a l’homme pour appréhender le mystère de l’inconnnu », écrit-il, poursuivant « la quête des origines se retrouve dans toutes les civilisations ». D’où venons-nous ? Où allons-nous ? Telles sont bien les questions qui taraudent l’être humain depuis la nuit des temps. N’hésitant pas à convoquer Hobbes, Spinoza, Kant, Montaigne, Teilhard de Chardin ou encore John Locke pour étayer son propos, l’auteur donne toute sa place au mythe, ce récit fondateur issu d’une tradition orale, dans la démarche initiatique. Deux mythes structurent l’ensemble des rituels, explique-t-il celui de la construction et celui du secret. Construire marque un désir d’élévation « l’homme ne bâtit pas qu’un édifice, il élabore une œuvre, établit un projet ». La quête d’un secret perdu, quant à elle conduit à la recherche d’une vérité, d’une parole ou d’un paradis perdu. Partant de là, Jean-Bernard Lévy évoque quelques héros mythiques, Hiram, Don Quichotte, Œdipe, Prométhée, Lilith et d’autres encore, chacun porteur de sens. Il réussit avec brio à guider le lecteur pas à pas vers un univers aussi riche que déroutant parce qu’il fait appel à l’imaginaire. Surtout il donne corps et fait le lien entre divers concepts avec une grande clarté. De l’ensemble se dégage beaucoup d’humanité, de liberté à rebours de toute forme de soumission ; sans doute l’œuvre d’une vie. On ressort grandi d’une telle lecture. À mettre entre toutes les mains.
Essai
Franc-maçonneries et religions en France aujourd’hui
Collectif sous la direction de Jean-Pierre Brach, Jean-Pierre Laurant et Thierry Zarcone
Les éditions de la Tarente
230 pages – 25 €
Cet ouvrage reprend les réflexions menées lors des rencontres organisées en 2014 au Centre National de la Recherche Scientifique à Paris. Le sujet mérite encore toute notre attention, car le contentieux entre les Églises et la franc-maçonnerie existe toujours même si et c’est tout l’intérêt de la présente étude des évolutions ont pu être observées. Jean-Pierre Brach le précise en introduction « Le catholicisme s’est vivement heurté à l’ordre maçonnique, en France, dès 1738 et postérieurement à l’adoption des premières lois laïques en 1882 et à la loi de séparation des Églises et de l’État en 1905. » Entre 1738 et 1983, ce n’est pas moins d’une trentaine de textes officiels du Saint-Siège sanctionnant l’appartenance à la franc-maçonnerie qui seront publiés avec un angle d’attaque variant au fil du temps : du secret, on est passé au complot pour finir avec le relativisme. Le cas de Pascal Vesin, ce prêtre du diocèse d’Annecy, membre du Grand Orient de France, qui sur lettre de dénonciation a finalement été démis de ses fonctions en 2013 illustre les rapports entre la franc-maçonnerie et l’Église romaine. La présente étude n’oublie pas le cas du protestantisme et de l’islam sensiblement différent du catholicisme. Du côté de la franc-maçonnerie, la multiplication des obédiences et leurs positions contrastées à l’égard des religions empêchent toute approche binaire. Jean-Pierre Brach souligne « on a pu entendre que l’Ordre maçonnique s’apparentait à une contre-Église, ou une Église de la République », certaines de ses commémorations prenant des airs de pèlerinages laïques. Le lecteur appréciera à ce titre l’étude de Franck Frégosi sur la commémoration le 1er mai au cimetière parisien du Père-Lachaise des martyrs de la Commune de Paris « une scénographie de procession religieuse où Le temps des cerises tient lieu d’Ave Maria. » Un livre d’un grand intérêt pour éviter les jugements et les simplifications hâtives.
Février 34. L’affrontement
De Olivier Dard et Jean Philippet
Éditions Fayard
746 pages – 34 euros
La mort de la IIIe République
De Hugo Coniez
Éditions Perrin
367 pages – 23 euros
10 juillet 1940, Vichy : l’Assemblée nationale (réunion de la Chambre des députés et du Sénat) accorde les pleins pouvoir au maréchal Pétain… la Troisième République s’effondre, la démocratie est liquidée pour quelques longues et douloureuses années. Ce jour de juillet est un moment clé, bien sûr, sur fond d’effondrement militaire de la France. Mais il n’y a pas que cela : l’effondrement est politique aussi. La République et la démocratie étaient déjà bien malades avant 1940. Une remontée dans le temps s’impose pour en prendre conscience, autour du 6 février 1934, avec comme détonateur l’affaire Stavisky. C’est l’objet du livre d’Olivier Dard et Jean Philippet, considérable fresque, qui s’intéresse aux événements eux-mêmes, mais nous entraine bien plus loin : nous comprenons le fonctionnement de cette République, mais aussi ses dysfonctionnements. Et nous nous demandons, ce livre lu, si le spectre des années Trente ne plane pas sur notre France des années 2020, qui remet au goût du jour un antiparlementarisme qu’on imaginait voué aux oubliettes de l’histoire.
Le second livre s’intéresse à deux mois, entre le 10 mai (le lancement de la « Blitzkrieg ») et le 10 juillet (le vote des pleins pouvoirs). Une chronique au quotidien, certes, mais nous en tirons au fil des pages les enseignements, entre trahisons, rivalités personnelles, faiblesses, absence de confiance en soi. La conséquence est simple : la République a été assassinée.
Avec des approches différentes, ces deux ouvrages apportent des éclairages passionnants sur le coup d’État de juillet 1940 et ses racines. Denis Lefebvre
Et aussi…
Paroles de jeunes initiés
N° 210 de Points de Vue Initiatiques
Revue de la Grande Loge de France
Le rêve maçonnique
Plaidoyer pour une franc-maçonnerie militante
De Pierre Guelff
EME éditions
N° 53 de Masonica
Revue du Groupe de Recherche Alpina
La Franc-Maçonnerie, une pédagogie de la grandeur
De Charles Coutel
N° 28 Collection pollen maçonnique
Conform édition