Culture

Gaspar André : l’Italie n’est pas un lieu

Façade de la villa Mangini - DR

À une trentaine de kilomètres de Lyon, la Villa Mangini domine depuis la fin du XIXe siècle une colline arborée. Objet d’une campagne de restauration pharaonique orchestrée par Lilian Rizzon, ce monument — inscrit aux monuments historiques en 1992 — rend palpable l’influence du voyage que fit son architecte, Gaspard André (1840-1896), des années plus tôt, à travers la péninsule italienne. 

L’Italie ? Il en rêvait depuis toujours. Du moins depuis les bancs de l’École des Beaux-arts de Lyon où il suivait les cours d’ornement dispensés par Jean Charles Jourdeuil ou ceux consacrés à l’architecture d’Antoine Chenavard à qui l’on doit l’Opéra de Lyon. Galvanisé par des succès et des récompenses académiques, il intègre les Beaux-arts à Paris où il étudiera pendant quatre ans jusqu’à obtenir le second grand prix de Rome. 
À l’âge de 27 ans, Gaspard André entreprend un voyage en Italie. Pendant près de six mois, le jeune homme marche dans un livre ouvert. Du nord au sud, de la Toscane renaissante à la Rome antique, avec la rigueur de l’étudiant studieux qu’il fut, le voyageur immortalise dans son carnet l’aspect général des monuments, mais aussi les infimes détails extérieurs comme intérieurs. Si le carnet correspondant à la première partie de son périple n’a malheureusement pas été conservé, celui consacré à la région de Naples témoigne de la relation que l’architecte lyonnais entretenait avec l’ornementation des façades tout en traduisant son intérêt pour les matériaux et les textures.  
Après quelques jours passés à Paestum, les visites des ruines de Pompéi et du musée archéologique de Naples ravissent l’œil de celui qui ne les avait vus qu’en gravure à Lyon et à Paris. Dans les premiers jours de l’année 1868, il franchit le détroit de Messine pour se rendre en Sicile. 
Entre le porche gothique catalan datant du XVe siècle et la nef baroque du XVIIIe, le millefeuille architectural de la cathédrale de Palerme retient particulièrement son attention. À Monreale, à seulement quelques kilomètres plus au sud, c’est la cathédrale Sainte-Marie-la-Nouvelle qui le fascine. Nombreux sont les éléments décoratifs à être repris par Gaspard André pour les édifices religieux qu’il sera appelé à concevoir. 
Au soir d’une longue carrière au cours de laquelle il signa des réalisations telles que le Théâtre des Célestins, l’église Saint-Joseph des Brotteaux ou encore la Fontaine des Jacobins à Lyon, Gaspard André, replonge, 40 ans après, dans les souvenirs de son voyage en Italie. 
Avec l’industriel d’origine italienne Félix Mangini qui lui commande la construction de la Villa, il recrée dans la campagne lyonnaise l’atmosphère d’une villa palladienne. Sur la façade ocre de ce joyau d’architecture culminant à 27 mètres, blasons, frises, chapiteaux et maximes latines : chaque élément décoratif semble provenir du carnet de voyage qu’il conserva sa vie durant.  
Pour un artiste, l’Italie n’est pas un lieu, mais une source à laquelle on revient inlassablement pour irriguer son inspiration, pour abreuver son imaginaire. 
 

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