Tradition

Qui introduisait les candidats en loge au début du XVIIIe siècle ?

Photo Ronan Loaëc - Musée de la franc-maçonnerie

Une initiation maçonnique est un peu comme une pièce de théâtre dans laquelle le personnage principal n’a aucune idée du rôle qu’il doit jouer. 

Pour que la pièce se termine bien, il convient que cette personne soit accompagnée. Idéalement, quelqu’un d’expert, voire un maître dans l’art de la cérémonie. Or, aux premiers temps de la franc-maçonnerie, de tels diacres n’existaient pas dans les offices des loges. Mais alors, qui se chargeait de faire vivre les cérémonies dans les tavernes et les appartements ? Une première réponse nous est donnée dans A Mason’s examination de 1723 : « Lorsqu’un franc-maçon est reçu, il doit écouter les *****  de la société que lui lit le maître de la loge […] Le surveillant le conduit ensuite jusqu’au maître et aux compagnons et il doit dire à chacun : comme un de vos confrères, j’en ai bien le désir d’être reçu maçon. Vous le voyez, Messires ». 
C’est donc au Surveillant qu’incombait la tâche de mener l’impétrant au Vénérable Maître. Toutefois, dès 1726 dans le manuscrit Graham, à la question « Qui vous a guidé dans la loge ? » la réponse suivante est donnée : « Le surveillant et le compagnon le plus ancien ». Souvenons-nous en effet que le grade de Maître n’en était encore qu’à son ébauche et hormis les officiers, le Compagnon le plus ancien était alors la figure d’autorité la plus haute de la loge. 
Mais revenons au Surveillant. De quel Surveillant parle-t-on ? En effet, nombre de postes d’officiers de loge furent créés pour décharger celui du Surveillant. Citons ainsi dans l’instruction en questions et réponses du même manuscrit la question « Qui vous a introduit dans la loge ? » et la réponse « the Junior Warden » (« le plus jeune Surveillant »). Dans la tradition anglaise il n’existe ainsi pas de premier et de deuxième surveillant, mais bien un « Junior Warden » et un « Senior Warden ». Le plus jeune ayant le plus de tâches d’exécution. On voit d’ailleurs que ce système fut adopté et diffusé rapidement, car dès 1730 dans Le mystère de la franc-maçonnerie, à la question de l’entrée en loge il est indiqué que « Deux surveillants m’ont ensuite pris chacun par le bras […] ». Est-ce alors pour l’empêcher de s’enfuir ou pour le guider ? Je vous laisse juge. En tout cas, pour qui a pratiqué la maçonnerie anglo-saxonne, cette notion d’être pris par le bras n’est pas sans intérêt.

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