Le Grand Orient de France, Guy Arcizet son Grand maitre et l'ensemble des obédiences maçonniques commémorent ce mardi 1er mai à 10h au cimetière du Père Lachaine :
Hommage aux Martyrs de la Commune de Paris
et aux artisans du progrès social
Le mardi 1er mai 2012, les francs-maçons du Grand Orient de France rendront hommage aux Martyrs de la Commune et à tous leurs Frères qui se sont engagés pour que l’idéal de Liberté, d’Egalité et de Fraternité soit plus qu’une devise inscrite sur le fronton des édifices publics.
Le rendez-vous de ce traditionnel rassemblement commémoratif est fixé à 10 heures à l’entrée principale du cimetière du Père Lachaise, Boulevard Ménilmontant, Paris XXème.
Une animation musicale de Riton la Manivelle, chanteur public, accompagnera cette manifestation à l’orgue de Barbarie. Le cortège se rendra à pied au Mur des Fédérés. Le Grand Maître, Président du Conseil de l’Ordre du GODF, Guy ARCIZET, accompagné de dignitaires d’Obédiences amies et d’une délégation du Conseil de l’Ordre, déposera une gerbe au pied du Mur des Fédérés.
Après le discours du Grand Maître, nous chanterons « le temps des cerises », hymne de la Commune que sifflaient les communards sur les barricades. La tombe de Jean-Baptiste CLEMENT sera ensuite fleurie.
La cérémonie se déroulera vers 11h15 en présence de Sœurs et de Frères décorés de leurs cordons, bannières de loges déployées.
Un peu d’histoire sur la commune…
La Commune de Paris, plus qu’un simple chapitre d’histoire nationale occupe une place fondatrice dans la Franc-maçonnerie contemporaine et plus particulièrement dans le Grand Orient de France qui a vu ses Frères parisiens se rallier au combat désespéré des insurgés du printemps 1871, contre le gouvernement de Versailles aux mains de Monsieur Thiers. Certes nous savons qu’elle n’a pas fait l’unanimité au sein du Grand Orient, mais avec le temps, elle est devenue un symbole essentiel de son idéal laïque et social, tant les maçons y furent impliqués.
Tout commence 18 mars 1871 par une décision maladroite de Thiers lorsqu’il veut reprendre les canons, entreposés sur la butte Montmartre. Alors Paris entre en insurrection se déclare «Commune Libre », indépendante du gouvernement. Le quart des élus de la Commune sont Francs-maçons !
Quant à la politique suivie par la Commune dans les domaines de la laïcité, de la solidarité, de l’école, elle semble moins inspirée par le Marxisme que par la Franc-maçonnerie. Il s’agit pour les Communards, de supprimer les injustices, d’améliorer la vie quotidienne du peuple, par des réformes envisagées dans les travaux des Loges du Second Empire.
Dès le 2 avril, les premières mesures, prises en assemblée générale sont la Séparation de l’Eglise et de l’Etat et la suppression du budget des Cultes. Le Frère Raoul Rigault se montre particulièrement actif dans la laïcisation des services publics, notamment des hôpitaux, où les salles portant des noms de Saint sont débaptisées, les crucifix enlevés. Il faudra attendre 34 ans, le 9 décembre 1905, pour que se réalise enfin la Séparation sous l’impulsion du Frère Emile Combes.
Dans le domaine scolaire, beaucoup considèrent le Frère Edouard Vaillant comme le véritable fondateur de l’école laïque, dont il jette les bases par son arrêté du 22 mai, instituant la gratuité, créant les premières écoles primaires de filles et les collèges professionnels. Son oeuvre, détruite par Mac Mahon, sera reprise douze ans plus tard par le Frère Jules Ferry.
En matière sociale, les Frères Adolphe Assi et Benoît Malon proposent des coopératives de production. La solidarité envers les plus démunis trouve tout son sens dans l’interdiction des expulsions pour loyers impayés et le décret du Frère Jour daté du 7 mai, permettant aux débiteurs de retirer du Mont de piété les objets de petite valeur, vêtements, meubles, outils de travail. Cependant, Thiers compte écraser cette expérience sociale qui fait tâche d’huile, à Lyon, Marseille, Toulouse, Narbonne. Il regroupe des troupes autour de Paris.
Afin d’éviter un bain de sang, la Maçonnerie s’unit pour tenter une démarche conciliatrice entre Versailles et Paris. A l’initiative de la Loge « Les Disciples du Progrès », un manifeste invite les adversaires : « A poser les bases d’une paix définitive, qui soit l’aurore d’un avenir nouveau »
Mais, les tentatives de conciliation échouent face à l’intransigeance de Thiers et les Loges parisiennes se rallient à la Commune dans une réunion au Châtelet, dont le directeur est le Frère Tassy. Elles prennent une décision unique et historique de faire une dernière démarche en allant planter leurs bannières sur les remparts de Paris et si une seule balle venait à les toucher, ils marcheraient d’un seul élan vers l’ennemi commun.
Et le 29 avril, plusieurs milliers de Francs-maçons décorés de leurs cordons, traversent le pont de Neuilly et plantent leurs bannières Porte Maillot, face aux batteries versaillaises. A la vue des étendards maçonniques les canons se taisent. Thiers reçoit une délégation, affichant son mépris des arguments maçonniques. Le lendemain le feu reprend. Un premier franc-maçon tombe.
Formés en bataillon, les Frères, se saisissent de leurs épées, s’arment de fusils, se battent jusqu’au bout, tombent par centaines…
Pendant la « Semaine Sanglante », du 21 au 28 mai, les troupes versaillaises entrées dans Paris, tuent partout : sur les barricades, sous les portes cochères, on achève les blessés à coup de crosse. Au siège du Grand Orient de France, Rue Cadet, transformé en hôpital pour blessés, s’alignent chaque jour un peu plus, des cercueils de communards sur lesquels sont posés leurs insignes maçonniques.
Dans la nuit du 27 mai, il y a des Francs-maçons parmi les derniers à résister dans les allées du Père-Lachaise. A l’aube il ne reste que 147 Fédérés que l’on exécute contre un mur.
C’était le dimanche 28 mai, un beau dimanche de printemps. Le massacre s’était achevé suffisamment tôt pour permettre aux tueurs d’assister à la messe. L’ordre régnait dans Paris.
Source : Communiqué de presse du Grand Orient de France