De la politique à la vie quotidienne, de la relation aux autres à la faculté personnelle de s’accomplir pleinement, l’exigence de liberté ne cesse de s’affirmer. Mais si comme idéal de vie la liberté est une exigence, comme façon de se conduire elle s’assortit d’exigences à l’égard de soi-même, sans lesquelles la coexistence harmonieuse des êtres libres est compromise. Comme on sait la vie sociale comporte des règles pour rendre compatibles les libertés individuelles. Le débat sur ces règles, souvent codifiées en lois, s’enracine dans la connaissance de l’être humain et la prise en compte de ses aspirations. Il se développe autour de principes et de valeurs propres à fonder l’organisation optimale du vivre ensemble. D’où la nécessité de repères précis concernant les différents registres de la liberté, et leur articulation. Tel est l’objet de l’analyse qui suit.
Entrée en matière : qu’est-ce qui dépend de moi ? Si je rougis à la vue d’une personne aimée, cette réaction n’est pas libre. (Je le vis, je rougis, je palis à sa vue s’exclame Phèdre en évoquant Hyppolite dans la pièce de Racine). La passion amoureuse déclenche sans délai la réaction.
Autre exemple : le réflexe rotulien ne dépend nullement de moi. Il est déterminé par une série causale. Il est donc nécessaire, ce qui veut dire qu’il ne peut pas ne pas se produire. Je ne suis pas libre de le retenir : il n’a rien de contingent.
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