En ces temps estivaux où Maçonnes et Maçons suspendent leurs austères études initiatiques pour profiter des avantages d’une nature bienveillante, il nous a paru de circonstance de nous plonger dans l’histoire du très éminent et très singulier Ordre du Moment. En effet, au XVIIIe siècle, la franc-maçonnerie a inspiré de nombreuses sociétés – certaines sérieuses, d’autres moins ! – qui ont en partie repris sa forme d’organisation, ses rituels, ses titres… en leur apportant néanmoins quelques modifications en fonction de leur objet… particulier. Dans une volumineuse étude, Arthur Dinaux a proposé un impressionnant inventaire de près de 500 « sociétés badines, bachiques, littéraires et chantantes ». Un certain nombre comme l’Ordre de la Cognée, des Mopses, ou de la Félicité sont d’ailleurs bien connus des historiens de la franc-maçonnerie avec laquelle ces ordres entretenaient des relations étroites. Mais on peut encore en découvrir. Nous avons ainsi eu le bonheur de mettre la main sur un curieux petit recueil consacré à un « Ordre du Moment ».
L’Ordre du Moment n’est plus aujourd’hui connu que par une très rare plaquette probablement publiée un peu avant 1770. Non seulement Dinaux, en dépit de ses années de recherche, ne l’avait pas découverte, mais, aujourd’hui, le catalogue de la Bibliothèque nationale de France l’ignore. Ce petit volume présente une description de la médaille de l’Ordre ; ses statuts ; son rituel (instruction, réception, ordre des cérémonies, serment) ; une liste des 39 chevalières et chevaliers reçus dans l’Ordre… et des chansons. L’ouvrage est élégammen