S’il est un sujet lourd de polémiques, c’est bien le sens à donner au mot égalité dès qu’on l’applique aux êtres humains et qu’on en fait soit un idéal soit un repoussoir. L’histoire de la pensée politique témoigne de la chose. Il n’est que de confronter deux penseurs aussi emblématiques que Jean-Jacques Rousseau et Alexis de Tocqueville pour s’en rendre compte. Le premier voit dans l’égalité une garantie de la liberté, le second croit y percevoir au contraire un risque pour cette même liberté. Quel sens faut-il donc donner à la notion d’égalité ? La diversité des registres du terme requiert une analyse propre à éviter les malentendus. Et les enjeux d’une telle réflexion ne sont pas moindres.
Aujourd’hui par exemple, les néo-libéraux dénoncent toute action de l’Etat destinée à promouvoir un minimum d’égalité sociale. Ils opposent l’égalité sociale à la liberté, n’admettant d’égalité que juridique (on dit souvent « formelle ») et ne voulant voir dans la liberté que l’absence d’entraves à l’initiative individuelle, sans égard pour les conséquences sur autrui. La disqualification relative qui en résulte pour l’idéal d’égalité sociale provient d’un tel parti-pris. Certains ont d’ailleurs éprouvé le besoin d’op