Liberté, égalité…fraternité. Fraternité ? Un fait, un sentiment qui résonne et vaut comme une exigence, couronne le triptyque républicain. La fraternité est à la fois un fait, celui du lien de parenté, un sentiment qui lui est lié, l’affection que l’on porte à une sœur ou à un frère. Dans le cadre de la solidarité familiale ce sentiment s’assortit d’un devoir de nature morale, celui d’apporter aide et secours aux membres de la fratrie. Mais la fraternité, ainsi définie en son sens propre, peut s’étendre au-delà de la sphère familiale. Elle devient alors fraternité au sens figuré, comme dans le cas du rapport à un ami, à un camarade de parti ou de syndicat, à un membre d’une même communauté philosophique ou religieuse, aux citoyens d’une même république, et finalement à tout être humain. Par analogie, on peut dire qu’une communauté humaine harmonieuse ressemble à une famille élargie ; on peut aussi faire de la fraternité la métaphore d’une sociabilité empathique, donnant au lien social une dimension affective qui est gage non seulement de paix mais aussi de concorde. Considérer autrui comme un frère c’est définir une exigence éthique et politique qui va bien au-delà de la famille. Tel est le noyau conceptuel qui lie un fait, un sentiment, et une exigence dans le beau mot de fraternité appliqué désormais à la vie sociale. C’est en ce sens que la fraternité peut devenir une référence fondatrice qui mérite de figurer dans la devise républicaine.
Une gradation existe dans le domaine d’application de la fraternité. La classe sociale, la communauté religieuse ou philosophique, le parti politique, la Nation, la République, voire l’humanité toute entière, peuvent devenir lieux et objets de fraternité. Avec pour couronnement l’idéal de fraternité universelle, promu entre autres par Gandhi, et qui se lit dans le titre de son livre majeur : «Tous les hommes sont frères ». L’humanisme maçonnique, lui aussi, se vit et se cultive, en chaque obédience, comme une préfiguration en acte de cette frater