« Une hirondelle ne fait pas le printemps, non plus qu’un seul jour de soleil. De la même façon, le bonheur n’est pas davantage l’œuvre d’une seule journée ni d’un moment éphémère. »(1)
Le célèbre proverbe rappelé ici est donc d’Aristote. Il illustre par une analogie la construction du bonheur, irréductible à une joie passagère. Une construction dévolue à l’homme qui a compris par quel genre de vie il peut s’épanouir. Bien des choses sont dites en peu de mots. Aristote savant, logicien, philosophe, s’y révèle. Le savant naturaliste avisé du cycle des saisons et des habitudes propres aux oiseaux s’y double d’un logicien qui refuse toute généralisation abusive. Une seule hirondelle ne suffit pas… non plus qu’un moment de joie sans lendemain. La félicité durable va bien au-delà de la joie furtive. Le philosophe soucieux d’une éthique du bonheur souligne ce qui peut être : attentif au devenir, il rappelle chaque homme à sa vocation au bonheur en lui précisant qu’il est en puissance un homme heureux, avant de le devenir en acte. Pour cela il insiste sur l’exercice répété de la faculté par laquelle l’homme s’accomplit pleinement : la pensée, apanage de toute l’humanité, source de joie par sa pratique même et de lucidité par ses effets.