Auguste Comte est né le 19 janvier 1798 à Montpellier et mort le 5 septembre 1857 à Paris. Malgré l’influence certaine qu’il a exercée sur nombre de républicains attentifs à l’émancipation de l’esprit humain par rapport à tout dogmatisme théologique, et plus généralement à toute forme d’obscurantisme, ce penseur est finalement assez méconnu. Il a d’abord réfléchi sur les suites de la Révolution française et le processus de réorganisation de la société qui se développe alors. Toute sa philosophie se concentre sur l’articulation entre la démarche critique dont la révolution a été l’aboutissement et la démarche de construction d’un nouvel ordre social, à la fois juste et fiable. Comte appelle « doctrine critique » la conception selon laquelle la conscience humaine doit être libre de tout dogmatisme, de toute tutelle. Mais il pointe aussitôt le risque de relativisme et de désordre d’une révolution qui détruirait tout repère sous prétexte d’interdire toute nouvelle servitude. Une telle dérive hypothèquerait la reconstruction d’un ordre véritable, fondé cette fois-ci sur la justice. Il n’y a là aucun souci de l’ordre comme tel, mais l’idée forte du droit naturel selon laquelle l’injustice est en soi un désordre, puisqu’elle ne permet pas aux sociétés humaines de reposer sur des fondements durables.
Pouvoir temporel et pouvoir spirituel
Dans une telle perspective, Comte pose la nécessité de la distinction et de l’articulation fonctionnelle de deux types de pouvoir. Au pouvoir temporel revient la tâche d’organiser et de régler les diverses activités qui font vivre concrètement les hommes. Au pouvoir spirituel celle de donner à ces activités les repères éthiques et civiques qu’elle requiert, mais aussi un contrepoint de vigilance critique propre à prévenir ou à disqualifier toute dérive. L’ambiguïté réside dans la conception de l’autonomie du p