Peut-on parler, de façon générale, d’art et d’architecture maçonniques ou tout du moins de traits spécifiques ou de caractères régionaux en ce qui touche à l'aménagement des Temples ? L’organisation spatiale et le décorum des loges françaises sont, dans l’ensemble, homogène. Cependant, des époques et des styles sont identifiables, et certains sites sont particulièrement remarquables, les uns par leur construction, les autres par le mobilier ou par la qualité décorative. Chaque Temple a son histoire et son identité. A Nancy, l’harmonie esthétique de l’œuvre est considérable et l’on rejoint, du reste, une sensibilité présente dans le Nord, l’Est et la Belgique, avec notamment des influences égyptomaniaques et la présence de vitraux. Elle est ici magnifiée dans une création relevant de l’Art Nouveau tel qu’il s’est manifesté, souverainement, dans la Cité des Ducs.
De célèbres maçons
Tout commence dès les années 1730, dans le tourniquet dynastique qui, de la Haye ou de la Pologne, voit passer les ducs et naître les premières loges en Lorraine. L’acacia y fleurit vigoureusement, surtout après le milieu du siècle, puisque l’on en a dénombré une dizaine. Dans ce contexte, St Jean de Jérusalem, créée au début de 1772, se place sous obédience du Grand Orient, « nouveau titre donné depuis peu à notre puissance maçonnique » comme il est alors noté. A partir de 1805, elle demeure seule en activité et elle est un des