Pour Alain la philosophie est une « évaluation exacte des biens et des maux ayant pour objet de régler les désirs, les ambitions, les craintes et les regrets » (1). Une telle définition convient sans doute à nombre de philosophes, qui visent la conduite lucide fondée sur la recherche du vrai. Mais elle s’applique particulièrement bien aux stoïciens.
Ce n’est pas un hasard si l’adjectif stoïque qualifie ordinairement une attitude de maîtrise de soi, faite de courage et de retenue. On connaît la description usuelle d’un tel comportement : « il est resté stoïque dans l’épreuve ». Ce type de comportement révèle une capacité de supporter la douleur de façon sereine. Fatalisme ? Pas exactement. On se trompe si on associe une idée de passivité à l’acceptation sereine de ce qui est et de ce qui advient. Il faut en effet une tension vive de l’âme humaine pour surmonter intérieurement la douleur physique ou morale. La force intérieure manifestée alors atteste la grandeur d’âme et non une résignation passive. Elle n’advient pas sans travail de la raison ni effort de la volonté, irréductible au seul intellect. L’exercice répété fonde ici l’endurance, comme en sport.
Les origines
Un peu d’étymologie. Le mot stoïcisme vient du mot grec stoa, lequel veut dire portique, construction faite de deux colonnes qui supportent un linteau de pierre. C’est sous un portique que se réunirent les fondateurs de l’ancien stoïcisme. On peut y voir un symbole de l’attitude consistant à supporter ce qui advient sans faiblir. Il y a eu trois stoïcismes. Le premier stoïcisme date des troisième et deuxième siècles avant Jésus Christ. Les deux fondateurs en sont Zénon de Cittium (335-264) et Chrysippe de Soles (280-206). Zénon délivre son